Interview RTS: "Une initiative fribourgeoise veut subventionner les places d'apprentissage"
J'étais sur le plateau de FORUM pour présenter l'initiative communale du Centre Fribourg-Ville "Des places d'apprentissage pour les jeunes". Notre volonté est simple: inciter le maintien et la création de places d'apprentissage, soutenir les entreprises locales formatrices et renforcer l'attractivité économique de la ville de Fribourg.

RTS: La formation duale est-elle vraiment en danger en ville de Fribourg?
Oui. Avant même le covid, on constate une baisse tendancielle du nombre de places de stage en ville de Fribourg, avec une diminution de plus de 200 places entre 2016 et 2019. C'est d'autant plus vrai que dans cet intervalle, le devoir d'exemplarité des collectivités publiques a augmenté et que ces dernières ont fourni plus de places. Il y a donc une réelle perte d'attractivité de l'apprentissage auprès des entreprises.
Il y a maintenant les effets de la crise dont nous ne sommes qu'au début. On craint un renforcement de cette baisse tendancielle. En raison des restrictions sanitaires fortes, beaucoup de jeunes n'ont pas pu disposer de l'orientation professionnelle et se retrouveront plus tard sur le marché de l'apprentissage, en même temps que celles et ceux qui sortiront alors de la scolarité obligatoire.
Il existe un risque concret de convergence de la demande et de manque de places d'apprentissage.
RTS: En quoi cette diminution du nombre de places d'apprentissage est-il véritablement un problème ?
Notre système de formation duale est exemplaire. Nous avons besoin de gens qui suivent cette formation, des apprenties et apprentis. C'est d'autant plus vrai que nos relations avec l'Union européenne se tendent et rendent nécessaires la formation de notre propre main d'oeuvre. Il y a un besoin.
Et le but de notre initiative est double: en plus d'inciter la création de places d'apprentissage, on octroie également un soutien financier direct aux entreprises locales.
RTS: Votre texte mentionne que l'octroi de ce soutien serait conditionné à de "bonnes conditions de travail". Quelles seraient ces conditions?
Elles seront à discuter en cas de réussite de l'initiative.
Le fait est si vous cherchez une place pendant un certain temps, vous serez tenté d'accepter une place avec des conditions qui ne seraient pas idéales, pas ce que vous souhaitez. Donc le fait qu'il y ait peu de places d'apprentissage pour les jeunes fait que certains seraient prêts à accepter une place à des conditions péjorées. D'où l'idée de garantir le soutien à l'existence de bonnes conditions.
RTS: La formation professionnelle est en règle générale du ressort du canton. Est-ce que vous ne marchez sur ses plates-bandes avec votre initiative?
Non, on est complémentaire à ce que fait le canton. Ce dernier est conscient de l'effort à faire en termes d'orientation. On agit purement dans notre autonomie financière communale, avec un acte politique fort de soutien aux places d'apprentissage, aux apprenti.e.s et aux entreprises formatrices.
Il faut garder à l'esprit que si vous êtes un ou une chef.fe d'entreprise, proposer une place d'apprentissage va vous contraindre à suivre des cours de formation, à payer des cotisations pour les cours de formation des jeunes et pour les infrastructures. Dans la situation que l'on vit, il nous paraît nécessaire de proposer un contre-poids.
RTS: Mais votre texte ne risque-t-il pas d'engendrer une inégalité de traitement entre les entreprises en Ville de Fribourg et celles situées hors de la commune ?
Ce sera au citoyen de la ville de Fribourg d'en décider et de payer ce soutien. Mais plus qu'une inégalité de traitement, c'est une soutien nécessaire à l'apprentissage et aux entreprises formatrices, ainsi qu'une mesure d'attractivité pour le centre cantonal qui peut avoir des retombées plus loin.
On ne serait pas contre le fait que cela soit élargi à terme au périmètre de la fusion du Grand Fribourg, voire de l'entier du canton.
Retrouvez l'interview (temps: 3:53)